Ce pays n’est pas sérieux”, aurait déclaré dans les années soixante le général de Gaulle, président de la République française, à propos du célèbre país tropical. Avec le même soupçon de légèreté, les commentaires sur l’œuvre d’Oscar Niemeyer abondent : “Expression exubérante d’un Brésil en pleine expansion” à propos de son architecture novatrice des années quarante, “Plastique libre et désinvolte” pour celle réalisée en France lors de son exil parisien. Né à Rio de Janeiro en 1907, Oscar Niemeyer Soares entretient lui-même une certaine ambiguïté : dans son confortable atelier de Copacabana, aucune trace de labeur architectural tandis qu’il se plaît à répéter que l’architecture n’a pas d’importance. Il affiche pourtant un brillant palmarès : plus de six cents réalisations à travers le monde ; il a construit l’utopie de Brasília, en quatre années et en plein désert ; il est aussi célèbre que le roi Pelé ; il a reçu de nombreux prix dont le Lénine de la paix (1963), le Pritzker (1988) et a été décoré de l’ordre cubain José-Martí en 1997. Il a donné son nom à une fondation, un chemin, un musée ; un espace lui est dédié à Brasília ; enfin, il a fêté ses cent ans le 15 décembre dernier. Un centenaire qui offre l’occasion de réinterpréter son œuvre d’hier et d’aujourd’hui, à l’aune de notre époque. Chacun des projets présentés dans ce numéro a été l’objet d’un nouveau reportage photographique. Leur analyse montre que la modernité n’est pas une question d’âge et qu’elle a encore de beaux jours devant elle. Véritable révolutionnaire du béton, Niemeyer envisage les bâtiments comme des spectacles structurels où “la courbe est toujours présente. Les montagnes comme les belles femmes, pleines de courbes, sont en nous”, explique-t-il.Hommage aux femmes, mais aussi à l’invention et à la beauté, nécessaires pour qu’existe l’architecture, le parcours de Niemeyer – pour qui l’expression des luttes sociales n’est pas du ressort de l’architecture – montre qu’il est possible de faire œuvre en étant communiste, Brésilien… tout en ne se prenant pas au sérieux.
Technique : 2 enquêtes sur les bétons et l'éclairage.
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