Architectes: Coop Himmelb(l)au
Voilà un bâtiment qui cherche à remettre en cause notre manière d’analyser l’architecture. Ce temple, édifié pour le culte du mythe BMW, ne se laisse pas jauger en fonction des critères de valeur habituels : l’aptitude à s’inscrire dans l’héritage d’une culture architecturale ou l’art de concevoir au mieux selon les moyens qui sont offerts (l’économie du projet). Non pas que ce édifice soit révolutionnaire, il serait même paradoxalement conventionnel dans sa façon de se soumettre au cliché d’une certaine esthétique de l’innovation. Il appartient à cette nouvelle génération de constructions qui s’apparentent à la haute couture et à la publicité fruits du mariage entre quelques architectes et l’industrie du luxe?: qu’importe l’usage, le bâment existe avant tout pour lui-même, pour la capacité ses formes à signifier au monde la vitalié et la puissance de son commanditaire.
En 1968, les activistes viennois de Coop Himmelb(l)au voulaient, disaient-ils, échapper à la dimension physique de l’architecture pour la faire accéder au plan psychique. Il n’y a plus de murs. Nos espaces sont des ballons palpitants. Notre pouls devient l espace et notre visage, la façade de l’immeuble. Aujourd’hui sexagénaires, les membres de Coop Himmelb(l)au (en fait seul Wolf D. Prix est encore présent) ont délaissé des installations politiques de leurs jeunes années. Comme dans la série Le Prisonnier, ils se promenaient dans des bulles de plastique et concevaient des villes organes gonflables animées de mécanismes articulés 1. Avec le BMW Welt, d’une époustouflante virtuosité plastique, tous les moyens sont mis au service d’une vaste entreprise de sidération de l’acquéreur d’une BMW qui, dépouillé tout autre préoccupation existentielle, peut venir recevoir l’onction automobile.?
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